Une apocalypse

Un pilote d’hélicoptère tout terrain – Algérie, Vegas et ceps de vignes engivrés – expire. Il n’est pas seul. Un ami est là.

Pierrick, 20 juin 2020 — 17:20

D’aussi loin que je m’en rappelle, tu as toujours aimé les machines. Évidemment pas celles à présent autour de toi mais les autres, avec des suffixes en mètre. Anémomètre, variomètre, altimètre, j’en passe car il n’y a que toi pour toutes te les rappeler. C’est fou ça quand on y pense, préférer l’éther au bon vieux plancher des vaches et tout ce qui rampe, grouille, s’agite, enlace, embrasse, va au cinéma. Moi, j’ai toujours trouvé la vie sur terre plus intense que celle que tu appréciais hors-sol. À commencer par les femmes. Toi les femmes, tu les regardes de haut. D’encore plus haut. Les nuages sont ta compagnie et déjà, plus tout à fait adolescent, tu en fendais l’armure de coton quand moi je peinais à pénétrer le cœur de Marie-Jo, de Véro, de Patricia.

Cela dit, il y a une chose sur laquelle on s’est toujours accordé, c’est le vin et l’amitié. Car l’un n’a pas le même goût s’il est bu seul, et l’autre ne saurait se passer de mon premier. J’en suis absolument certain. Et des certitudes, je peux te dire mon Jacky que je n’en ai jamais eu beaucoup. Toi la tête brûlée de kerozen et de soleils couchants, ça pour en avoir des certitudes, tu n’étais pas le dernier. Tu ne vivais pas, tu fonçais. Dans les flancs de tes camarades en Algérie en riant, “pour se tirer la bourre” comme tu dis, quand la guerre se faisait trop moche.

 

Jacky, 20 juin 2020 — 17:22

Qu’est-ce que je plane. De la ouate je vous dis. Comme dans la chanson de Caroline Loeb là, celle qui chantait son inclination pour le coton. Amour par terre et somnifères. En d’autres mots elle se laisse faire. De toutes les matières. C’est la ouate qu’elle préfère. C’est la ouate.

Anonyme
illustré par Julien Langendorff

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